Entretien avec le Dr Nicolas Wolff

Le Dr Nicolas Wolff est médecin spécialisé en médecine physique et de réadaptation, chef de service au Centre de Rééducation Fonctionnelle Les Embruns, à Bidart. Dans le cadre de la conférence Mer & Santé, il interviendra sur la « balnéothérapie : rééducation en eau de mer chauffée » et sur «Surf et handicap moteur: retour d’expérience sur l’utilisation du surf dans la prise en charge de patients blessés médullaires, hémiplégiques ou amputés au Centre de Rééducation Fonctionnelle des Embruns ».

Aquæ : En quoi consistent les soins dispensés au Centre des Embruns ?

Nicolas Wolff : Les Embruns est un centre de rééducation spécialisé dans la prise en charge des affections traumatiques, dégénératives et inflammatoires de l’appareil locomoteur et des affections neurologiques. Autrement dit, il dispense entre autres des soins auprès de patients amputés, à ceux concernés par une chirurgie programmée (mise en place de prothèses, chirurgie d’épaule…), aux victimes d’accidents vasculaires cérébraux, de traumatismes et aux malades atteints de sclérose en plaques. La rééducation des personnes souffrant de la maladie de Parkinson se développe également beaucoup.

L’établissement dispose de 80 lits d’hospitalisation complète et de 25 lits d’hospitalisation journalière. Les nombreux investissements réalisés au cours des dernières années permettent aux Embruns de bénéficier d’une balnéothérapie de pointe. Après la modernisation du plateau technique intervenue à partir de 2008, c’est une toute nouvelle balnéothérapie qui sera inaugurée dans les prochaines semaines.

A : Vous utilisez de l’eau de mer chauffée. Quelles en sont les qualités spécifiques ?

N W : Il n’existe pas d’étude scientifique sur les qualités spécifiques de l’eau de mer par rapport à l’eau douce, les contraintes méthodologiques pour mener une telle étude étant trop importantes. Notre démarche s’appuie cependant sur une grande expérience des centres de bord de mer et sur les retours très favorables des patients, en particulier dans le cadre des maladies chroniques. Ce que l’on peut dire c’est que la portance en eau de mer est supérieure à celle de l’eau douce. Et des articles scientifiques font état d’échanges hydro-électrolytiques en eau salée différents.

A : Vous menez depuis 3 ans un projet autour du surf et du handicap. De quoi s’agit-il ?

N W : C’est du handi-surf : nous faisons surfer des personnes handicapées. L’idée s’est présentée après la prise en charge d’une patient handicapé pratiquant le handisurf, avec un relais favorable au sein de l’établissement, plusieurs membres du personnel médical pratiquant ce sport ou étant sensibilisés à l’environnement du surf. Le projet a été relativement simple à monter, avec un soutien complet de la direction des Embruns. Nous travaillons en collaboration avec l’association Bidarteko Surf Club.

A : Concrètement comment cela se déroule-t-il ?

N W : Nous procédons d’abord à une sélection des patients hospitalisés. Il s’agit surtout de s’assurer qu’il n’existe aucune contre-indication (telle que des plaies cutanées, de sondes, etc.). Après acceptation du patient et du personnel encadrant, nous constituons des groupes de 2 à 3 personnes en veillant à répartir les porteurs de handicaps les plus lourds dans différents groupes. L’accompagnement est réalisé par un ou deux médecins, un cadre kinésithérapeute, un kinésithérapeute, un élève kinésithérapeute et parfois aussi par des internes de la spécialité rééducation en stage aux Embruns. Le programme se déroule du mois de juin à fin septembre, à raison de une à deux sorties par semaine, selon les contraintes liées aux marées, au temps et aux disponibilités du Bidarteko.

A : Quels bénéfices particuliers le surf peut-il apporter à un patient atteint d’un handicap ?

N W : Sur le plan du bien-être et du plaisir, la sensation que la glisse procure est indéniable. J’ai relevé un dénominateur commun à tous les handi-surfeurs du programme : l’éclat dans leur regard. Il faut comprendre que pour certains, suite à un accident ou à un traumatisme, ils n’avaient pas été dans l’eau depuis de nombreuses années. Une autre notion importante est celle du défi et du dépassement de soi. Le surf implique d’être motivé et déterminé car c’est un sport physiquement très éprouvant. En ce sens, l’objectif des Embruns de redonner un accès à des personnes handicapées à une activité très élitiste et complexe est atteint.

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Photo Bidarteko.

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