Entretien avec Yasuko Jouandeau

Aquæ : Vous êtes invitée à la Conférence Mer&Santé d’octobre 2013, de quoi allez-vous parler ?

Yasuko Jouandeau : Tout d’abord, j’exprime tous mes remerciements à l’organisateur de m’avoir offert l’opportunité de m’y exprimer ; je suis très honorée.
Je vais parler de la thalassothérapie au Japon, qui existe aujourd’hui dans une vingtaine de centres à travers tout le pays. Les deux premiers centres ont été créés grâce au savoir-faire français.
Depuis sa première construction en 1992, la thalassothérapie est l’objet de beaucoup d’attentions, à la fois des autorités japonaises cherchant le moyen de prévenir la maladie face à un très rapide vieillissement de la population, et des Japonaises à la recherche de ‘glamour’.
Les médias ont diffusé des numéros spéciaux sur les centres de thalassothérapie au Japon, contribuant ainsi à leur expansion. Mais, la vulnérabilité du secteur a mal supporté la récession économique.
Je vais essayer de clarifier ces vulnérabilités, ces difficultés qui existent au sein de la thalassothérapie japonaise. En même temps j’aborderai le fort potentiel existant pour les compétences françaises dont on aura besoin à nouveau mais, de façon différente.
Je viens pour présenter ‘’la mer et la santé’’ japonaise. Je présenterai le Congrès de l’ISMH qui se déplacera pour la première fois depuis une centaine d’années hors de l’Europe, à Kyoto au Japon en mai 2014 et je souhaiterais qu’il y ait beaucoup de participants français de la thalassothérapie.
Enfin, la conférence Mer & Santé sera pour moi l’occasion de recueillir des informations précises sur l’impact de la mer, données que les centres de thalassothérapie japonais attendent.

Aquæ : A quelle fin sont utilisés les centres de thalassothérapie au Japon?

Y J : La santé et le bien-être. Cela dépend du centre, s’il est de nature privé ou géré publiquement.

Aquæ : De quelle façon le Japon perçoit-il les bienfaits de la mer sur l’homme ?

Y J : Traditionnellement par l’alimentation. Les algues, les poissons, les fruits de mer, etc., sont perçus comme une alimentation saine.
En été, les Japonais aiment bien aller à la plage, prendre le bain de mer, s’exposer au soleil.
On va aussi voir la mer quand on a des problèmes, des soucis, des tristesses… Beaucoup de chansons japonaises qui parlent de la mer en automne parlent de chagrins d’amour.

Aquæ : On connaît le Japon pour ses nombreuses sources thermales et toute la tradition qui tourne autour des bains japonais, mais peu pour la thalassothérapie. Comment pouvez-vous expliquer le fait que la thalassothérapie japonaise est peu connue dans le reste du monde ?

Y J : La façon dont on prend un bain est très différente au Japon par rapport aux autres pays : la salle de bain japonaise se compose d’une partie où l’on se lave en dehors de bassin, et d’un bassin ou d’une baignoire. Une fois propre, on se relaxe tranquillement dans le bassin/baignoire.
Le concept de massage avec de l’eau n’existe pas dans notre culture, ni dans notre conception du bien-être.
Ainsi, lorsque la thalassothérapie a été introduite, c’est un avis personnel, il a été difficile de définir ‘’la thalassothérapie’’ par son action de massage par l’eau.
En même temps, une chaîne d’instituts de beauté a lancé une grande campagne de promotion de ‘’la thalassothérapie’’ en s’équipant de matériels français de douches, affusions, etc. et une communication visuelle a été réalisée avec l’affichage de posters géants présentant une femme couverte d’un masque vert.
Ceci a aidé les Japonais à catégoriser la thalassothérapie comme un soin esthétique.
Il y a eu plusieurs périodes où les médias ont expliqué le concept de thalassothérapie, mais, de manière à la fois un peu compliquée et incomplète pour les utilisateurs potentiels.

Aquæ : Comment se développe la thalassothérapie aujourd’hui au Japon ? Que fait-elle pour innover, se différencier ? Est-ce un marché en essor ?

Y J : La situation des centres de thalassothérapie est difficile du fait de la longue récession économique, notamment après le choc Lehman et le grand séisme du 11 mars 2011. Cependant leur niveau d’activités est en train de remonter aujourd’hui.
Les habitudes des Japonais en matière de bains sont en train de changer avec l’apparition de différents types de bains, ou de piscines de relaxation. Par exemple il existe désormais des bassins avec des différents équipements de massage un peu partout dans les clubs de sport, les bains publics, les thermes ludiques, etc.

Aquæ : A quelle clientèle est destinée la thalassothérapie au Japon ?

Y J : Aujourd’hui, les établissements de thalassothérapie s’adressent à tout le monde, mais, les centres publics sont plutôt fréquentés par des résidents urbains.

Aquæ : En Occident, la philosophie zen, notamment celle du Japon, est mise en avant pour les produits du secteur, existe-il des concepts occidentaux au Japon?

Y J : Cela sera plutôt la qualité des produits et du savoir-faire qui sera mise en avant. Les produits français sont perçus comme sophistiqués, dans le sens positif de terme.

yasuko jouandeau

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