Dominique Hoareau interviendra, à l’occasion de la Conférence Mer & Santé, sur « Thalassothérapie, thermalisme ou spa marin ? Evolution et perspectives de la « thalasso » » et sur « Prévention de la carence en iode par les algues marines ».
Aquæ : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et vos spécialités ?
Dominique Hoareau : J’ai d’abord exercé pendant une quinzaine d’années comme médecin généraliste, formé à l’acupuncture, l’homéopathie et aux techniques naturelles. J’ai ensuite découvert la thalassothérapie, où j’ai œuvré comme médecin-chef, et me suis passionné pour les problématiques rencontrées pendant les cures de thalassothérapie et pour l’univers marin en général. J’ai ensuite bifurqué vers une activité de consultant formateur dans le domaine de la prévention santé et du thermalisme marin. Aujourd’hui je viens de rejoindre la Maison Départementale des Personnes Handicapées des Pyrénées-Atlantiques, donnant une nouvelle orientation à ma carrière professionnelle, tout en conservant une petite activité de conseil auprès des professionnels de la thalassothérapie.
A. : Vous êtes invité à la Conférence Mer&Santé pour présenter deux thèmes distincts : l’évolution et les perspectives de la thalassothérapie, et la prévention de la carence en iode par les algues marines. Que représentent ces sujets pour vous ?
D.H. : Ces sujets sont fondamentaux en termes de prévention. La thalassothérapie et ses cures constituent l’opportunité d’utiliser les bienfaits des ressources marines et permettent la mise en place d’une stratégie globale et holistique de la personne.
Quant à l’iode, il représente un focus dans le sujet plus général de la thalassothérapie. Aujourd’hui les trois plus grandes carences en micronutriments sont l’iode, le fer et le calcium. Alors que l’on parle beaucoup des besoins en fer et en calcium, ainsi que d’autres tels que celui en magnésium, en revanche, la carence en iode est méconnue.
A. : Qui est touché par la carence en iode et pourquoi?
D.H. : Si l’on se réfère à l’étude SU.VI.MAX¹ , sur un plan géographique, on constate que la carence en iode concerne les populations vivant dans les lieux les plus éloignés du bord de mer. A l’échelle humaine, elle touche principalement les seniors de plus de 55 ans. L’étude SUVIMAX indiquait que 25% de cette population était touchée par la carence en iode. Cela étant, on trouve aussi malheureusement des carences en iode chez les fœtus et dans ce cas, les conséquences peuvent être gravissimes.
A. : Quelles peuvent être ces conséquences ?
D.H. : Sur le fœtus et l’embryon, les conséquences sont très rares mais elles sont dramatiques puisqu’elles peuvent aboutir à une arriération mentale. Dans les années 80, il avait été question de complémenter systématiquement les femmes enceintes en iode, bien que le projet n’ait pas été mené à son terme.
Chez les sujets âgés, les effets se traduisent par une fatigabilité résistante, une frilosité renforcée et une prise de poids difficile à réduire, surtout chez les femmes. A long terme, c’est leur qualité de vie qui s’en trouve altérée et qui peut s’accompagner d’une éventuelle surmédicalisation.
A. : Comment les algues marines peuvent-elles remédier à la carence en iode ?
D.H. : Quand on établit un tableau comparatif, on s’aperçoit que l’apport en iode des algues, et en particulier les algues brunes, est maximal. Mais on en trouve aussi dans l’alimentation protéinée d’origine marine, en l’occurrence le poisson. Quelques pincées d’algues, sous forme de condiment, de temps en temps suffiraient à couvriraient les besoins journaliers en iode. Les principales algues préconisées sont celles de la famille des laminaires et les fucus.
A. : Pour en revenir à la thalassothérapie, comment allez-vous traiter le sujet de la conférence Mer & Santé ?
D.H. : Je vais aborder la thalassothérapie moderne depuis Louison Bobet, qui l’a relancée, la sortant de son contexte de thermalisme marin pour en faire un outil de prévention puis progressivement de bien-être. Aujourd’hui la thalassothérapie est de plus en plus assimilée à du « spa marin » où les gens vont chercher des prestations qu’ils peuvent trouver partout ailleurs. Or l’intérêt serait de mettre en valeur les produits de la mer et du bord de mer, que l’on ne peut trouver que sur place.
A. : Quel est l’intérêt d’une conférence sur le thème Mer&Santé ?
D.H. : Un tel événement permet de rappeler aux gens qu’ils disposent d’une formidable ressource à portée de main. La conférence met aussi en valeur les bienfaits thérapeutiques de la mer obtenus, notamment dans le cadre du monde des handicapés et qui concerne plus particulièrement aujourd’hui mon activité. Reste que l’accès aux plages reste parfois difficile à ces derniers…
Dominique Hoareau est Docteur en médecine, diplômée de Biologie et de Médecine du sport. Médecin consultant en thalassothérapie ayant participé à la formation d’équipes de soins en thalassothérapie. Auteur des livres « Thalassothérapie : vitalité, forme, prévention, santé », « Les thérapies marines », et « Nutrithérapie marine ».
¹Réalisée par l’Inserm, SU.VI.MAX (SUpplémentation en VItamines et Minéraux Anti-oXydants) est une étude menée de 1994 à 2002 en vue de constituer une source d’informations sur la consommation alimentaire des français et leur état de santé. En 2007, une nouvelle étude SUVIMAX2 a été lancée afin de comprendre l’impact de l’alimentation sur le vieillissement.